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 Neco Z Alenky

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Bunny Lake

Bunny Lake


Messages : 310
Date d'inscription : 04/06/2009

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MessageSujet: Neco Z Alenky   Neco Z Alenky Icon_minitimeSam 18 Juil - 14:37

"Maintenant, vous allez voir un film pour enfant... Peut-être."


C'est par ces mots que commence le film Neco Z Alenky.

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Des adaptations du conte de Lewis Carroll, le Alice de Jan Svankmajer est probablement l'une des moins connues (avec la version de Jonathan Miller). L'univers d'Alice, il le connait bien, ayant adapté Jabberwocky dans un court-métrage en 1971.

Pourtant, c'est passé à côté d'un chef d'oeuvre que de l'ignorer. Jan Svankmajer, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un réalisateur tchèque spécialisé dans l'animation stop-motion, et les objets de toutes sortes ont sa prédilection, ainsi que les animaux empaillés, devenant entre ses mains des acteurs, et l'inanimé prend vie.

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Inutile de vous raconter l'histoire d'Alice, tout le monde la connait. L'interêt est que la version de Svankmajer, réalisée en 1987 et qui est son premier film, est une merveille d' "inquétante étrangeté", morbide et parfois terrifiante.
Tout commence avec quelques mots prononcés par la jeune Alice (Kristyna Kohoutova), dont seules les lèvres sont filmées au moment où elle parle, pour nous raconter son histoire à la troisième personne (seul procedé réellement agaçant, puisque cette image revient souvent sans réels besoins narratifs, sauf celui de ne pas pleinement entrer dans sa tête en jouant sur la distance plutôt que l'implication, et peut-être aussi, un peu de provocation). La phrase qu'elle prononce à ce moment-là est très importante pour le reste du métrage : "si vous ne fermez pas les yeux, vous ne pourrez rien voir".

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Alice est dans son grenier, et rêve. Elle croit voir son lapin blanc empaillé frémir...quand la vie s'empare de lui, elle le suit, pour ainsi entrer au pays des merveilles et rencontrer le chapelier fou, la chenille sur son champignon et les autres, avant d'être confrontée au tribunal de la Reine de Coeur. Tous les personnages, hormis la jeune actrice non-professionnelle qui joue Alice, sont des marionnettes, des animaux empaillés ou des objets animés par Svankmajer.

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Mais ici, ce n'est pas vraiment le pays des merveilles, plutôt celui d'un cauchemar, Svankmajer étant bien plus proche de l'univers du conte enfantin que le Alice de Disney, Alice parlant en substance d'un être perdu dans un monde qu'il ne comprend pas.
Ici, tout semble délètère, vieux, poussiéreux, le bois craque et les poupées sont presque nues, et certaines images peuvent provoquer le malaise : ainsi, le lapin blanc, attablé pour son repas, voit une couture se défaire sur le côté de son corps, et ce qu'il mange finit par s'échapper de cette ouverture. Il est donc obligé de recuperer ce qui est tombé pour l'avaler à nouveau, après avoir recousu le trou. L'image de la mort est partout : ossements d'animaux morts dans la maison du lapin, objets coupants, ciseaux abandonnés, lièvre de Mars qui ne cesse de perdre un oeil, tout est fait de recuperations diverses (la chenille se retrouve être une chaussette avec un dentier terrifiant), maison des horreurs où se cotoyent pots empli de formol, dinettes et vieilles marionnettes oubliées dans le grenier... car Svankmajer veut montrer que sa Alice rêve et ne fait que rêver dans son grenier, et que, comme tous les enfants, ce qui compose son rêve est une récuperation directe de son univers, comme la vieille chaussette ou la marionnette, les cartes à jouer qui se découpent brutalement sur l'image. Cependant, à aucun moment on ne peut affirmer quand Alice rêve, quelle est la frontière entre sa réalité et ce qu'elle est censée vivre en rêve. Svankmajer est un surréaliste, et nous laisse la porte ouverte : si lui dit qu'elle rêve, il faut cependant se laisser porter par notre perception pour en être sûr. L'avantage de fermer les yeux.

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Le monde representé par Svankmajer ressemble plus à un cauchemar qu'à une agréable rêverie, et il decide de continuer dans cette optique : ainsi, il ôte tout ce qui peut faire penser à l'exterieur, au soleil, aux arbres et aux fleurs omni-présents dans l'oeuvre de Carroll, pour nous offrir un monde moderne, industrialisé, terrifiant, un ascenseur remplace le terrier du lapin, et l'aventure d'Alice ressemblerait presque aux cercles de l'enfer décrits par Dante. Des images perturbantes, le film en regorge, impossible d'oublier cet espèce de cochon qui descend un escalier en couinant comme le ferait un bébé humain. De plus, l'enfance n'est pas, chez Svankmajer, synonyme de joie et d'innocence : sa Alice promène tout au long du film un regard grave, une tristesse étrange, parfois impassible devant ce qu'elle voit, au point qu'elle se transformera un court moment en poupée aux grands yeux noirs en buvant la fameuse bouteille avec l'étiquette Drink Me...et, pendant toute son aventure, elle se trouve en situation dangereuse, voire mortelle. Aucun personnages ne lui est sympathique, ou juste agréable, et il n'y a pas de Chat du Cheshire pour lui montrer la voie. On lui jette des choses, on met le feu à ses cheveux, constamment abusée, l'image des Autres, ou de l'adulte peut-être, ne montre rien, n'apprend rien, quand bien même ils le voudraient : le lapin offre un livre à Alice qu'elle doit apprendre par coeur, sans s'inquieter de savoir si elle y comprend quelque chose...la solitude et la mort sont partout, et les enfants connaissent parfaitement ces deux choses. Comme dans les contes, le film est empli de symboles : les clefs qui ouvrent d'autres passages ne sont qu'un exemple parmi d'autres.

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Alice est un film dérangeant pour ceux qui ne sont pas habitués à ce genre très particulier, entre deux mondes, le vivant (Alice) et l'inanimé qui peut le devenir, d'une poésie morbide, viscerale et étrange. Un conte surréaliste, un film précieux si l'on arrive à passer outre les passages ennuyeux (les lèvres de l'enfant, et uniquement elles !) une réelle expérience à la limite du cauchemar enfantin (les peurs enfantines, le cannibalisme (le lapin blanc); celles de la sexualité - comme ces grenouilles aux langues immenses, mais également adultes - la vieillesse et la pourriture qui est le sort de tout êtres vivants, un vaste terrain de jeu pour enfants solitaires, cousins pauvres de l'Alice de Carroll, où le rêve n'est finalement que le reflet de la vie, Mort et Vie étant intrisequement liés, le rêve étant peut-être plus puissant que le réel, le réel étant peut-être ce fameux monde incompréhensible.

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Spielberg-Williams
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MessageSujet: Re: Neco Z Alenky   Neco Z Alenky Icon_minitimeJeu 23 Juil - 17:12

Belle critique!

Effectivement, l'univers de Caroll se prête très facilement à tomber dans des connotations assez morbides.
Si le prochain film de Burton ne devrait pas être une nature morte, il pourrait aller aussi un peu dans ce sens. Car l'univers dit "burtonnien" accorde toujours une large place au côté sombre de la vie. Il se complait à mélanger vivant et inanimé (comme Svankmajer semble-t-il) et aime parler des marginaux. Et c'est aussi cela l'univers de Caroll: tout le monde est marginal! Alice est marginale par sa solitude et son incompréhension des mondes qu'elle côtoie (celui des adultes/celui "des merveilles"), le Chapelier est marginal...

Je serais curieux de voir cette version.
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Bunny Lake

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MessageSujet: Re: Neco Z Alenky   Neco Z Alenky Icon_minitimeJeu 23 Juil - 17:22

C'est une version vraiment merveilleuse, qui mérite que l'on s'y intéresse, même si beaucoup la trouvent trop dérangeante. Svankmajer est un cinéaste passionnant, même si un peu difficile à appréhender (son cinéma ne fait aucune concession et ne cherche pas à plaire).
Et en effet, tous les personnages sont des marginaux à leurs échelles. Le film est sorti assez récemment en DVD zone 2, tu peux la trouver sur ce lien : http://www.chaletfilms.com/dvd/1491-Alice.html
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MessageSujet: Re: Neco Z Alenky   Neco Z Alenky Icon_minitime

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