Jamais diffusé à la télé chez nous, les Alice Comedies sont des joyaux de la compagnie Walt Disney, une série de courts- métrages mélangeant film live et dessin animé.
Pour la petite histoire, Walt Disney et Ub Iwerks, accompagnés de leur équipe, réalisèrent le tout premier épisode des Alice Comedies, appelé Alice in Wonderland, dans les défunts Laugh-O-Gram Studio à Kansas City, dans le Missouri. C'est juste après la finalisation de l'oeuvre que les studios tombèrent en faillite, forçant Disney à travailler comme photographe, amassant suffisament d'argent pour rejoindre son frère Roy et son oncle Robert en Californie. Sur place ils créent le Disney Brothers Studio (appelée plus tard la Walt Disney Studio) dans le garage de l'oncle, et Walt envoya son court-métrage à plusieurs adresses susceptibles de le distribuer, en vain, jusqu'à ce que la président de la societé Winkler Pictures, Margaret Winkler et son fiancé, Charles Mintz, acceptent de le promouvoir. Le 16 octobre 1923, ils signent un contrat pour douze courts-métrages.
Le concept de Alice est simple : une petite fille du nom d'Alice penètre dans un studio où plusieurs dessins animés sont réalisés. Sur les cellulos, les personnages prennent vie devant l'enfant émerveillée, qui rentre chez elle et se couche, rêvant bien vite à son arrivée dans le monde de cartoons. Elle joue et s'amuse jusqu'à ce que des lions en cage brisent leurx barreaux et se mettent à sa poursuite. Les thèmes évoqués dans ce premier court-métrage seront inhérents aux suivants : le rêve, le jeu, et le danger.
Dans ses aventures, Alice est accompagnée d'un chat noir du nom de Julius, qui partage une certaine ressemblance avec Félix the Cat. Ce n'est absolument pas un plagiat, comme on le pense trop souvent, mais plutôt un aspect mercantile : Margaret Winkler et Charles Mintz produisaient également les cartoons de Félix the Cat, et avaient insisté pour que Julius partage cette ressemblance, afin d'aider à la popularisation du chat. Le succès de l'un aiderait l'autre. Quatre jeunes actrices se sont succedées pour jouer Alice.
La première, et celle pour laquelle j'ai personnellement le plus d'affection, est la blonde Virginia Davis (née le 31 décembre 1918). Venant du Kansas, elle travailla avec Disney dès l'âge de 6 ans et participa aux 13 premiers épisodes d'Alice. Elle fut remplacée par Margie Gay quand ses parents, dans tous leurs états, refusèrent qu'elle continue de jouer suite à l'histoire d'un chèque impayé (ou arrivé en retard, selon certaines sources). Elle est décédée le 15 auôt dernier.
Margie Gay (née en 1920) joua Alice de février 1925 à décembre 1926, avec une particularité physique : la coupe au carré, sa couleur de cheveux sombre, qui tranche avec la blondeur affichée des autres actrices.
Margie Gay entourée de Ub Iwerks et Walt Disney.
Puis vint Dawn Evelyn Paris (née le 17 avril 1918 et décédée le 4 juillet 1993), également connue sous le nom de Dawn O'Day. Elle joua en 1934 dans le film Anne of Green Gables et pris ensuite Anne Shirley comme nom de scène. Elle ne joua que dans un seul épisode, Alice's Eggplant en 1925.
Dawn O'Day/ Anne Shirley.
Elle est suivie de Loïs Hardwick (qui fut la première épouse de Donald Sutherland), et je n'ai pas de photographies de la demoiselle. Bien sûr, les Alice Comedies peuvent paraitre datés de nos jours, mais ils restent des petites perles d'animation, pleine d'humour, de tendresse et aussi de cruauté, la jeune fille devant faire face, bien souvent, à un danger parfois mortel. Des perles qui sont tout autant le reflet du monde de l'enfance qu'une ouverture vers Oswaldet les Silly Symphonies, sans compter un must pour tout amateur de fantaisies ou de dessin animé sortant du rang.